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expédie deux ou trois par mois à destination de l’Europe, sous forme de bourrasques ?





III


dans lequel un nouveau personnage n’a pas besoin d’être présenté, car il se présente lui-même.


« Citoyens des États-Unis d’Amérique, je me nomme Robur. Je suis digne de ce nom. J’ai quarante ans, bien que je paraisse n’en pas avoir trente, une constitution de fer, une santé à toute épreuve, une remarquable force musculaire, un estomac qui passerait pour excellent même dans le monde des autruches. Voilà pour le physique. »

On l’écoutait. Oui ! Les bruyants furent tout d’abord interloqués par l’inattendu de ce discours pro facie suâ. Était-ce un fou ou un mystificateur, ce personnage ? Quoi qu’il en soit, il imposait et s’imposait. Plus un souffle au milieu de cette assemblée, dans laquelle se déchaînait naguère l’ouragan. Le calme après la houle.

Au surplus, Robur paraissait bien être l’homme qu’il disait être. Une taille moyenne, avec une carrure géométrique, ― ce que serait un trapèze régulier, dont le plus grand des côtés parallèles était formé par la ligne des épaules. Sur cette ligne, rattachée par un cou robuste, une énorme tête sphéroïdale. À quelle tête d’animal eût-elle ressemblé pour donner raison aux théories de l’Analogie passionnelle ? À celle d’un taureau, mais un taureau à face intelligente. Des yeux que la moindre contrariété devait porter à l’incandescence, et, au-dessus, une contraction permanente du muscle sourcilier, signe d’extrême énergie. Des cheveux courts, un peu crépus, à reflet métallique, comme eût été un toupet en paille de fer. Large poitrine qui s’élevait ou