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Chatam. On ne l’a pas oublié, au moment de l’enlèvement à Philadelphie, Uncle Prudent avait sur lui quelques milliers de dollars papiers ― plus qu’il ne fallait pour regagner l’Amérique. Après avoir remercié leurs adorateurs qui ne leur épargnèrent pas les plus respectueuses démonstrations, Uncle Prudent, Phil Evans et Frycollin s’embarquèrent pour Aukland. Ils ne racontèrent rien de leur histoire, et, en deux jours, ils arrivèrent dans la capitale de la Nouvelle-Zélande.

Là, un paquebot du Pacifique les prit comme passagers, et, le 20 septembre, après une traversée des plus heureuses, les survivants de l’Albatros débarquaient à San Francisco. Ils n’avaient point dit qui ils étaient ni d’où ils venaient ; mais, comme ils avaient payé d’un bon prix leur transport, ce n’est pas un capitaine américain qui leur en eût demandé davantage.

À San Francisco, Uncle Prudent, son collègue et le valet Frycollin prirent le premier train du grand chemin de fer du Pacifique. Le 27, ils arrivaient à Philadelphie.

Voilà le récit compendieux de ce qui s’était passé depuis l’évasion des fugitifs et leur départ de l’île Chatam. Voilà comment, le soir même, le président et le secrétaire purent prendre place au bureau du Weldon-Institute, au milieu d’une affluence extraordinaire.

Cependant, jamais ni l’un ni l’autre n’avaient été aussi calmes. Il ne semblait pas, à les voir, que rien d’anormal fût arrivé depuis la mémorable séance du 12 juin. Trois mois et demi qui ne paraissaient pas compter dans leur existence !

Après les premières salves de hurrahs que tous deux reçurent sans que leur visage reflétât la moindre émotion, Uncle Prudent se couvrit et prit la parole :

« Honorables citoyens, dit-il, la séance est ouverte. »

Applaudissements frénétiques et bien légitimes ! Car, s’il n’était pas extraordinaire que cette séance fût ouverte, il l’était du moins qu’elle le fût par Uncle Prudent, assisté de Phil Evans.

Le président laissa l’enthousiasme s’épuiser en clameurs et en battements de mains. Puis il reprit :