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On le sait maintenant, ce sont des myriades de particules lumineuses, de corpuscules phosphorescents, qui produisent ce phénomène. Ce qui pouvait surprendre, c’était de rencontrer cet amas opalescent ailleurs que dans les eaux de l’Océan Indien.

Soudain, le baromètre, après s’être tenu assez haut pendant les premières heures de la journée, tomba brusquement. Il y avait évidemment des symptômes dont un navire aurait dû se préoccuper, mais que pouvait dédaigner l’aéronef. Toutefois, on devait le supposer, quelque formidable tempête avait récemment troublé les eaux du Pacifique.

Il était une heure après midi, lorsque Tom Turner, s’approchant de l’ingénieur, lui dit :

« Master Robur, regardez donc ce point noir à l’horizon !… Là… tout à fait dans le nord de nous !… Ce ne peut être un rocher ?

― Non, Tom, il n’y a pas de terres de ce côté.

― Alors ce doit être un navire ou tout au moins une embarcation.

Uncle Prudent et Phil Evans, qui s’étaient portés à l’avant, regardaient le point indiqué par Tom Turner.

Robur demanda sa lunette marine et se mit à observer attentivement l’objet signalé.

« C’est une embarcation, dit-il, et j’affirmerais qu’il y a des hommes à bord.

― Des naufragés ? s’écria Tom.

― Oui ! des naufragés, qui auront été forcés d’abandonner leur navire, reprit Robur, des malheureux, ne sachant plus où est la terre, peut-être mourant de faim et de soif ! Eh bien ! il ne sera pas dit que l’Albatros n’aura pas essayé de venir à leur secours ! »

Un ordre fut envoyé au mécanicien et à ses deux aides. L’aéronef commença à s’abaisser lentement. À cent mètres il s’arrêta, et ses propulseurs le poussèrent rapidement vers le nord.

C’était bien une embarcation. Sa voile battait sur le mât. Faute de vent, elle ne pouvait plus se diriger. À bord, sans doute, personne n’avait la force de manier un aviron.