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Enfin, en moins d’une minute, il était manifeste qu’il serait arrivé au niveau de la mer. Une fois immergé, aucune puissance n’aurait pu l’arracher de cet abîme.

Soudain la nuée électrique apparut au-dessus de lui. L’Albatros n’était plus alors qu’à soixante pieds de la crête des lames. En deux ou trois secondes, elles auraient noyé la plate-forme.

Mais, Robur, saisissant l’instant propice, se précipita vers le roufle central, il saisit les leviers de mise en train, il lança le courant des piles que ne neutralisait plus la tension électrique de l’atmosphère ambiante… En un instant, il eut rendu à ses hélices leur vitesse normale, arrêté la chute, maintenu l’Albatros à petite hauteur, pendant que ses propulseurs l’entraînaient loin de l’orage, qu’il ne tarda pas à dépasser.

Inutile de dire que Frycollin avait pris un bain forcé, ― pendant quelques secondes seulement. Lorsqu’il fut ramené à bord, il était mouillé comme s’il eût plongé jusqu’au fond des mers. On le croira sans peine, il ne criait plus.

Le lendemain, 4 juillet, l’Albatros avait franchi la limite septentrionale de la Caspienne.




XI


dans lequel la colère de uncle prudent croît comme le carré de la vitesse.


Si jamais Uncle Prudent et Phil Evans durent renoncer à tout espoir de s’échapper, ce fut bien pendant les cinquante heures qui suivirent. Robur redoutait-il que la garde de ses prisonniers fût moins facile durant cette traversée de l’Europe ? C’est possible. Il savait, d’ailleurs, qu’ils étaient décidés à tout pour s’enfuir.

Quoi qu’il en soit, toute tentative eût alors été un suicide. Que l’on saute