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avait promenés pendant plusieurs milles. Le gascon François Tapage, hurlant de plaisir, justifiait bien son nom. Une heure de pêche suffit à remplir les viviers de l’aéronef, qui remonta vers le nord.

Pendant cette halte, Frycollin n’avait cessé de crier, de frapper aux parois de sa cabine, de faire en un mot un insupportable vacarme.

« Ce maudit nègre ne se taira donc pas ! dit Robur, véritablement à bout de patience.

― Il me semble, monsieur, qu’il a bien le droit de se plaindre ! répondit Phil Evans.

― Oui, comme moi j’ai le droit d’épargner ce supplice à mes oreilles ! répliqua Robur.

― Ingénieur Robur !… dit Uncle Prudent, qui venait d’apparaître sur la plate-forme.

― Président du Weldon-Institute ? »

Tous deux s’étaient avancés l’un vers l’autre. Il se regardaient dans le blanc des yeux.

Puis, Robur, haussant les épaules :

« À bout de corde ! » dit-il.

Tom Turner avait compris. Frycollin fut tiré de sa cabine.

Quels cris il poussa, lorsque le contre-maître et un de ses camarades le saisirent et l’attachèrent dans une sorte de baille, à laquelle ils fixèrent solidement l’extrémité d’un câble !

C’était précisément un de ces câbles dont Uncle Prudent voulait faire l’usage que l’on sait.

Le nègre avait cru d’abord qu’il allait être pendu… Non ! Il ne devait être que suspendu.

En effet, ce câble fut déroulé au-dehors sur une longueur de cent pieds, et Frycollin se trouva balancé dans le vide.

Il pouvait crier à son aise maintenant. Mais, l’épouvante l’étreignant au larynx, il resta muet.

Uncle Prudent et Phil Evans avaient voulu s’opposer à cette exécution : ils furent repoussés.