Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tourne éternellement au cercle vicieux
Qui retient ses regards, et l’éloigne des cieux
Tu crois pouvoir, hélas ! sortant d’un affreux doute
Pouvoir tout mesurer avant d’entrer en route,
En sortir en vainqueur, faire honneur à ton nom,
Et d’homme aller au ciel par ta volonté — Non !!

Non ta raison à toi n’est qu’un phare indocile
Pour les yeux d’un aveugle une flamme inutile,
Ton esprit ne pourra guider tes faibles pas,
Ni ta raison non plus ! non ! car tu n’en a pas !!

Non, non ! l’homme ici bas, sans réflexion même,
Jeté sur l’océan qu’un autre homme blasphème,
Sans connaître le but, sans regarder le port
Doit trancher le seul lien qui tient sa barque au bord.
Il est là, sans idée, et sans savoir des choses,
Il ignore de tout les effets et les causes,
Pareil à cet aveugle, à qui le long sommeil
De la nuit se termine, et qui voit le soleil !
Il est seul, loin de tous, flottant, et solitaire
Courant au gré des flots, il a perdu la terre
Sans boussole certaine, et sans pilote sûr,