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Ainsi que d’un ami la main dans notre main,
Ne vient pas ranimer sa marche et sa tristesse ;
Non ! rien autour de lui ne se hâte, et s’empresse ;
Un but trop éloigné, but qu’il n’apperçoit pas,
Ne le peut exciter, précipiter ses pas !
Nul vœu n’est fait pour lui ! nul Dieu bon et propice
N’étendra sur sa tête un manteau de justice,
Nul dieu ne pansera le sang de ses genoux,
Et nul follet aimé, mensonge parfois doux
Présentant à son œil le charme du mirage,
Ne lui rapprochera le terme du voyage !
Non, non ! il faut qu’il souffre, et qu’il souffre long-temps ;
Que sans cesse ses pas rétrogrades et lents,
Redoublent son chagrin, ravivent sa blessure,
Stygmatisant son front des coups et de l’injure,
Qu’il vieillesse à la peine, et qu’il pleure ses maux !
Ce n’est pas tout pourtant, aux pierres des tombeaux
Il heurte à chaque pas sa lourde et rude chaîne.
Dans ce chemin de deuil la mort domine en reine
Elle est là ; de sa faux elle abat en priant
Le pauvre voyageur, le malheureux passant ;
Dans sa course il remue aux angles de la route
Des cadavres sans vie ! En sa tristesse, il doute