enfant abandonné que sa mère retrouve avec son accoutrement de petit pauvre — sa mère, une duchesse, une belle dame toute en soie, en dentelles et en velours !
Quand il vit ces guenilles, P’tit-Bonhomme eut d’abord l’idée qu’on allait le renvoyer à la ragged-school.
« Madame Anna… madame Anna ! s’écria-t-il.
— Eh qu’as-tu ? répondit miss Waston.
— Ne me renvoyez pas !…
— Te renvoyer ?… Et pourquoi ?…
— Ces vilains habits…
— Quoi !… il s’imagine…
— Eh non, petit bêta !… Tiens-toi un peu ! répliqua Élisa, en le ballottant d’une main assez rude.
— Ah ! l’amour de chérubin ! » s’écria miss Anna Waston, qui se sentit prise d’attendrissement.
Et elle se faisait de légers sourcils bien arqués avec l’extrémité d’un pinceau.
« Le cher ange… si l’on savait cela dans la salle ! »
Et elle se mettait du rouge sur les pommettes.
« Mais on le saura, Élisa… Ce sera demain dans les journaux… Il a pu croire… »
Et elle passait la houppe blanche sur ses épaules de grand premier rôle.
« Mais non… mais non… invraisemblable babish !… Ces vilains habits, c’est pour rire…
— Pour rire, madame Anna ?…
— Oui, et il ne faut pas pleurer ! »
Et volontiers elle aurait versé des larmes, si elle n’eût craint d’endommager ses couleurs artificielles.
Aussi Élisa de lui répéter en secouant la tête :
« Vous voyez, madame, que nous ne pourrons jamais en faire un comédien ! »
Cependant P’tit-Bonhomme, de plus en plus troublé, le cœur