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encore la ragged-school.

C’était la fenêtre du cabinet de M. O’Bodkins, que l’incendie allait bientôt atteindre. Le directeur apparut tout effaré, s’arrachant les cheveux.

Ne croyez pas qu’il s’inquiétait de savoir si ses pensionnaires étaient en sûreté… il ne songeait même pas à lui, ni au danger qu’il courait…

« Mes livres… mes livres ! » criait-il en agitant désespérément les bras.

Et, après avoir essayé de descendre par l’escalier de son cabinet dont les marches crépitaient sous la lèche des flammes, il se décida à jeter par la fenêtre ses registres, ses cartons, ses ustensiles de bureau. Aussitôt les garnements de se précipiter dessus, de les piétiner, d’éparpiller les feuillets que le vent dispersait, tandis que M. O’Bodkins se décidait enfin à se sauver par une échelle dressée contre la muraille.

Mais ce que le directeur avait pu faire, Grip et l’enfant ne le pouvaient pas. Le galetas ne prenait jour que par une étroite lucarne, et l’escalier qui le desservait s’effondrait marche à marche au milieu de la fournaise. La déflagration des murs de paillis commençait, et les flammèches, retombant en pluie sur le toit de chaume, allaient bientôt faire de la ragged-school un large brasier.

Les cris de Grip dominèrent alors le fracas de l’incendie.

« Il y a donc du monde dans ce grenier ? » demanda quelqu’un qui venait d’arriver sur le théâtre de la catastrophe.

C’était une dame en costume de voyage. Après avoir laissé sa voiture au tournant de la rue, elle était accourue de ce côté avec sa femme de chambre.

En réalité, le sinistre s’était propagé si rapidement qu’il n’existait plus aucun moyen de s’en rendre maître. Aussi, depuis que le directeur avait été sauvé, avait-on cessé de combattre le feu, croyant qu’il ne se trouvait plus personne dans la maison.

« Du secours… du secours à ceux qui sont là ! s’écria de nouveau