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p’tit-bonhomme.

Assurément P’tit-Bonhomme eût mieux fait de laisser cette bouteille dans la rue, où son propriétaire la cherchait peut-être à cette heure, car, enfin, deux ou trois gallons de gin, ça vaut des shillings et même plus d’une demi-couronne. Il aurait dû se dire qu’il lui serait impossible de remonter au galetas de Grip sans être vu. Maintenant, il était trop tard.

Quant à s’adresser à M. O’Bodkins, à lui raconter ce qui venait de se passer, il aurait été bien accueilli. Aller au cabinet du directeur, entrouvrir sa porte si peu que ce fût, risquer de le déranger au plus fort de ses calculs… Et puis, qu’en serait-il résulté ? M. O’Bodkins aurait fait apporter la bouteille, et ce qui entrait dans son bureau n’en sortait guère.

P’tit-Bonhomme ne pouvait rien, et il se hâta de rejoindre Grip au galetas, afin de tout lui dire.

« Grip, demanda-t-il, ce n’est pas à soi, n’est-ce pas, une bouteille qu’on trouve ?…

— Non… j’crois pas, répondit Grip. Est-ce que t’as trouvé une bouteille ?…

— Oui… j’avais l’intention de te la donner, et, demain, nous aurions été savoir dans le quartier…

À qui qu’elle appartient ?… dit Grip.

— Oui, et peut-être en cherchant…

— Et ils te l’ont prise, c’te bouteille ?…

— C’est Carker !… J’ai essayé de l’empêcher… et alors les autres… Si tu descendais, Grip ?…

— Je vais descendre, et nous verrons à qui qu’elle rest’ra, la bouteille !… »

Mais lorsque Grip voulut sortir, il ne le put. La porte était fermée à l’extérieur.

Cette porte, vigoureusement secouée, résista, à la grande joie de la bande, qui criait d’en bas :

« Eh ! Grip !…

— Eh ! P’tit-Bonhomme !…