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p’tit-bonhomme.

d’habitation sans toiture, les portes sans vantaux, les fenêtres sans châssis ! Depuis cinq ans, la pluie, la neige, le vent, le soleil même, tous ces agents de destruction avaient fait leur œuvre. Rien de lamentable comme ces chambres démeublées, ouvertes à toutes les intempéries, et là, celle où P’tit-Bonhomme couchait près de Grand’mère…

« Oui ! c’est Kerwan ! » répétait-il, et on eût dit qu’il n’osait pas entrer…

Bob, Grip et Sissy se tenaient en silence un peu en arrière. Birk allait et venait, inquiet, humant le sol, retrouvant aussi, lui, des souvenirs d’autrefois…

Soudain, le chien s’arrête, son museau se tend, ses yeux étincellent, sa queue s’agite…

Un groupe de personnes vient d’arriver devant la porte de la cour — quatre hommes, deux femmes, une fillette. Ce sont des gens pauvrement vêtus et qui paraissent avoir souffert. Le plus vieux se détache du groupe et s’avance vers Grip, qui, par son âge, semble être le chef de ces étrangers.

« Monsieur, lui dit-il, on nous a donné rendez-vous en cet endroit… Vous… sans doute ?…

— Moi ? répond Grip, qui ne connaît pas cet homme et le regarde, non sans surprise.

— Oui… lorsque nous avons débarqué à Queenstown, une somme de cent livres nous a été remise par l’armateur, qui avait ordre de nous diriger sur Tralee… »

En ce moment, Birk fait entendre un vif aboiement de joie, et s’élance vers la plus âgée des deux femmes, avec mille démonstrations d’amitié.

« Ah ! s’écrie celle-ci, c’est Birk… notre chien Birk !… Je le reconnais…

— Et vous ne me reconnaissez pas, ma mère Martine, dit P’tit-Bonhomme, vous ne me reconnaissez pas ?…

— Lui… notre enfant !… »