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p’tit-bonhomme.

Et, ce jour-là, Grip eut l’honneur et le bonheur de partager avec ses jeunes amis le premier dîner préparé par la bonne Kat ! Le lendemain, quand il reprit la mer, le Vulcan n’avait jamais emporté un chauffeur plus satisfait de son sort.

Peut-être demandera-t-on si Kat devait avoir des gages, elle qui se fût contentée du logement et de la nourriture, du moment qu’elle était nourrie et logée par son cher enfant ? Certes, elle en eut, et d’aussi beaux que n’importe quelle servante du quartier, et on l’augmenterait si elle faisait bien son service ! Le service de Little Boy, après le service de Trelingar Castle, ce n’était point déchoir, on peut nous croire sur parole. Par exemple, elle ne voulut jamais en revenir à tutoyer son maître. Ce n’était plus le groom du comte Ashton, c’était le patron des Petites Poches. Bob lui-même, en sa qualité d’And Co, ne fut appelé que monsieur Bob, et Kat réserva son tutoiement pour Birk, qui ne pouvait s’en formaliser. Et puis, ils s’aimaient tant, Birk et Kat !

Quel avantage d’avoir cette brave femme dans la maison ! Avec quel ordre fut tenu le ménage, avec quelle propreté les chambres et le magasin ! D’aller prendre ses repas dans une restauration du voisinage, cela est plus d’un commis que d’un patron. Les convenances exigent que son « home » soit au complet, qu’il mange à sa propre table. C’est à la fois plus digne pour la situation et meilleur pour la santé, lorsqu’on possède une adroite cuisinière, et Kat s’entendait à faire la cuisine aussi bien qu’à lessiver, à repasser, à raccommoder le linge, à soigner les vêtements, enfin une servante modèle, d’une économie très précieuse, et d’une probité… dont se moquait volontiers la domesticité de Trelingar-Castle. Mais à quoi sert de rappeler l’attention sur la famille des Piborne ! Que le marquis, que la marquise continuent à végéter dans leur fastueuse inutilité, et qu’il n’en soit plus question.

Ce qu’il importe de mentionner, c’est que l’année 1883 se termina par une balance très avantageuse au profit de Little Boy and Co. Pendant la dernière semaine, c’est à peine si le bazar put suffire aux