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p’tit-bonhomme.

— Et ces oiseaux ?…

— Je les ai pris au piège ce matin.

— Eh ! c’est ce gamin qui court la plage ! s’écria l’un des trois gentlemen. Je l’ai déjà vu… Je le reconnais… Pour deux ou trois pence, il met un de ces oiseaux en liberté !…

— Et, cette fois, reprit le plus grand, ce sera pour rien qu’ils auront tous la volée… tous ! »

Cela dit, il arracha la cage des mains de Bob, il l’ouvrit, et la gent emplumée de s’enfuir à tire d’ailes.

C’était là un acte très dommageable pour Bob. Aussi le garçonnet poussa-t-il des cris, répétant :

« Mes oiseaux !… mes oiseaux ! »

Et les jeunes messieurs de s’abandonner à un rire non moins immodéré qu’imbécile.

Puis, enchantés de leur plaisante et mauvaise action, ils se disposaient à regagner la parade, lorsqu’ils s’entendirent interpeller de la sorte :

« C’est mal ce que vous avez fait là, messieurs ! »

Et qui parlait ainsi ?… P’tit-Bonhomme, lequel venait d’arriver accompagné de Birk. Il avait vu ce qui s’était passé, et il reprit d’une voix énergique :

« Oui… c’est très mal, ce que vous avez fait là ! »

Et alors, ayant dévisagé le plus grand de ces trois jeunes gentlemen, il ajouta :

« Après tout, cette méchanceté ne m’étonne pas de la part du comte Ashton ! »

C’était, en effet, l’héritier du marquis et de la marquise. La noble famille des Piborne avait quitté Trelingar Castle pour cette station de bains de mer, et elle occupait, depuis la veille, l’une des plus confortables villas de la bourgade.

« Ah ! c’est ce coquin de groom ! répondit avec l’accent du plus profond mépris le comte Ashton.

— Moi-même.