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une idée commerciale de bob.

grâce au railway qui, par Arklow et Wicklow, met Wexford en communication avec Dublin.

La seconde, c’est que le pays est charmant. Le chemin s’engage au milieu de forêts épaisses, de puissants groupes de chênes et de hêtres, entre lesquels se dresse le chêne noir, si remarquable en terre gaélique. La campagne y est largement arrosée par la Slaney, l’Ovoca et leurs tributaires, comme elle l’avait été, hélas ! de tant de sang à l’époque des dissensions religieuses ! Et penser que c’est ce coin du sol irlandais, riche en minerai de soufre et de cuivre, vivifié par les cours d’eau descendus des montagnes voisines, charriant des parcelles d’or, c’est ce coin dont le fanatisme a fait le théâtre de ses abominables excès ! On en retrouve les traces à Enniscorthy, à Ferns, en bien d’autres localités, et jusqu’à Arklow, où les soldats du roi Georges, l’an 1798, battirent trente mille rebelles — ainsi appelait-on ceux qui défendaient leur patrie et leur foi !

Une journée de repos, ce fut ce que P’tit-Bonhomme, ayant fait halte au port d’Arklow, crut devoir octroyer à son personnel — mot qui est justifié si l’on veut bien considérer Birk comme une personne.

Arklow, avec ses cinq mille six cents habitants, forme une station de pêche où règne une grande animation. Le port est séparé de la haute mer par de larges bancs de sable. Au pied des roches, tapissées de goémons verdâtres, on récolte des huîtres en quantité considérable, et elles n’y coûtent pas cher.

« Je suis sûr que tu n’as jamais mangé d’huîtres ? demanda P’tit-Bonhomme à ce gourmand de Bob.

— Jamais !

— Veux-tu en goûter ?…

— Je veux bien. »

Il voulait toujours bien, Bob. Mais il ne fit qu’essayer, et n’alla pas au-delà de la première huître.

« J’aime mieux le homard ! dit-il.

— C’est que tu es encore trop jeune, Bob ! »

Et Bob répliqua qu’il ne demandait pas mieux que d’atteindre l’âge