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p’tit-bonhomme.

j’n’ai pas confiance dans les autres, j’aurais confiance en toi, mon boy, et si tu v’nais à Dublin, qui est l’port d’attache du Vulcan, on s’verrait souvent !… Què bonheur, et j’te le répète, si, pour entreprendre un commerce, il t’fallait un peu d’argent, j’te donnerais volontiers tout c’que j’ai… »

L’excellent garçon était prêt à le faire. Il était si heureux, si heureux d’avoir retrouvé son P’tit-Bonhomme… Est-ce qu’il ne semblait pas qu’ils fussent liés l’un à l’autre par un lien que nul incident ne saurait jamais rompre ?

« Viens donc à Dublin, répéta Grip. Veux-tu que j’te dise c’que j’pense ?…

— Dis, mon Grip.

— Eh bien… j’ai toujours eu c’t’idée… comme ça… que tu f’rais fortune…

— Moi aussi… j’ai toujours eu cette idée-là ! » répondit simplement P’tit-Bonhomme, dont les yeux brillaient d’un éclat vraiment extraordinaire.

« Oui… continua Grip, j’te vois riche… un jour… très riche… Mais c’n’est pas à Cork que tu gagneras beaucoup d’argent !… Réfléchis à c’que j’te dis là, car il n’faut pas agir sans avoir réfléchi…

— Comme de juste, Grip.

— Et maintenant qu’il n’y a plus rien à manger… soupira Bob en se levant.

— Tu veux dire, mousse, répliqua Grip, maint’nant qu’tu n’as plus faim…

— Oui… peut-être… je ne sais pas… C’est la première fois que cela m’arrive…

— Allons nous promener », proposa P’tit-Bonhomme.

Et ce fut ainsi que s’acheva cette après-midi, et que de projets formèrent les trois amis, tandis qu’ils parcouraient les quais et les rues de Queenstown, escortés de Birk !

Puis, lorsqu’on fut au moment de se séparer, et que Grip eut reconduit les deux enfants à l’appontement du ferry-boat :