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chien de berger et chiens de chasse.

cieux, et des aboiements se fussent entendus de très loin. Rien n’indiquait donc si Birk avait été relancé comme un renard par les pointers du jeune Piborne, ni quelle direction il convenait de suivre afin de le retrouver.

Incertitude désespérante ! Il était possible que Birk fût très loin déjà, au cas où les chiens lui donnaient la chasse. À plusieurs reprises, P’tit-Bonhomme cria : « Birk !… Birk ! » espérant que le fidèle animal entendrait sa voix. Il ne se demandait même pas ce qu’il ferait pour empêcher le comte Ashton et son piqueur de tuer Birk, s’ils parvenaient à s’en emparer. Ce qu’il savait, c’est qu’il le défendrait, tant qu’il aurait la force de le défendre.

Enfin, tout en marchant au hasard, il s’était éloigné du château de deux bons milles, lorsque des aboiements retentirent à quelques centaines de pas, derrière un massif de grands arbres en bordure le long d’un vaste étang.

P’tit-Bonhomme s’arrêta, il avait reconnu les aboiements des pointers.

Nul doute que Birk ne fût traqué en ce moment, et peut-être aux prises avec les deux bêtes excitées par les cris du piqueur.

Bientôt même, ces paroles purent être assez distinctement entendues :

« Attention, monsieur le comte… nous le tenons !

— Oui, Bill… par ici… par ici !…

— Hardi… les chiens… hardi ! » criait Bill.

P’tit-Bonhomme se précipita vers le massif au-delà duquel se produisait ce tumulte. À peine avait-il fait vingt pas, que l’air fut ébranlé par une détonation.

« Manqué… manqué ! s’écria le comte Ashton. À toi, Bill, à toi !… Ne le rate pas !… »

Un second coup de fusil éclata assez près pour que P’tit-Bonhomme pût en apercevoir la lumière à travers le feuillage.

« Il y est, cette fois ! » cria Bill, pendant que les pointers aboyaient avec fureur.