petit port au fond duquel les bateaux de pêche vont s’abriter contre les violentes houles du large.
Très sauvage, très rude de contours, très âpre d’aspect, cette île n’est pas exempte de richesses minérales, car elle possède des ardoisières renommées. Il s’y trouve un village où se voient certaines maisons dont les murs et le toit sont faits chacun d’une seule ardoise. Les touristes peuvent séjourner dans ce village, s’ils en ont la fantaisie. Une excellente auberge leur assure la nourriture et le coucher. Mais pourquoi séjourneraient-ils ? Lorsqu’ils ont visité, ainsi que le firent Leurs Seigneuries, le vieux fort en ruines qui fut construit par Cromwell, lorsqu’ils sont montés au phare qui éclaire les navires venus de la haute mer, quand ils ont admiré ces deux cônes qui émergent à quinze milles de là, ces Skelligs, dont les feux signalent ces redoutables parages, pourquoi s’attarderaient-ils à Valentia ? Ce n’est, en somme, qu’une de ces îles comme on en compte par centaines sur la côte ouest de l’Irlande.
Oui, sans doute, mais Valentia jouit d’une triple célébrité personnelle.
Elle a servi de point de départ au travail de triangulation en vue de mesurer cet arc de cercle, qui se décrit à travers l’Europe jusqu’aux monts Ourals.
Elle est actuellement la station météorologique la plus avancée de l’ouest, et crânement placée pour recevoir les premiers coups des tempêtes américaines.
Enfin, il s’y trouve un bâtiment isolé, où furent conduits lord et lady Piborne. Là se rattache le premier câble transatlantique, qui fut immergé entre l’Ancien et le Nouveau Monde. En 1858, le capitaine Anderson le traîna dans le sillage du Great-Eastern, et il commença à fonctionner en 1866 — seul alors, en attendant que quatre nouveaux fils eussent relié l’Amérique à l’Europe.
C’est donc là que parvint le premier télégramme échangé d’un continent à l’autre, et adressé par le président des États-Unis Buchanan sous cette forme évangélique :