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à trelingar-castle.

réceptions, les landlords ne s’entretenaient guère que de la situation des propriétaires irlandais. Et comme ils traitaient les revendications des tenanciers, les prétentions de la ligue agraire, et M. Gladstone, alors âgé de soixante-treize ans, voué de cœur à l’affranchissement de l’Irlande, et M. Parnell, auquel ils souhaitaient charitablement la plus haute potence de l’Île Émeraude ! Une partie de l’été s’écoulait ainsi. D’ordinaire, lord Piborne, lady Piborne et leur fils quittaient le château pour un voyage de quelques semaines — le plus souvent en Écosse, dans les terres patrimoniales de la marquise. Par exception, cette année, le voyage devait consister en une excursion que les traditions du grand monde imposaient aux seigneurs de Trelingar, et qu’ils n’avaient pas encore accomplie. Il s’agissait de visiter cette admirable région des lacs de Killarney, et, le projet ayant reçu l’approbation de la marquise, lord Piborne fixa le départ au 3 août.

Si P’tit-Bonhomme avait l’espoir que cette excursion lui laisserait quelques semaines de loisir au château, il se trompait. Puisque lady Piborne se ferait accompagner de Marion, sa femme de chambre, puisque lord Piborne serait suivi de John, son valet de chambre, le comte Ashton ne pouvait se priver des services de son groom.

Il y eut alors un grave embarras. Que deviendrait Birk ?… Qui s’occuperait de lui ?… Qui le nourrirait ?

P’tit-Bonhomme se décida donc à informer Kat de cette situation, et Kat ne demanda pas mieux que de se charger de Birk, à l’insu de qui que ce soit.

« N’aie aucune inquiétude, mon garçon, répondit la bonne créature. Ton chien, je l’aime déjà comme je t’aime, et il ne pâtira pas pendant ton absence ! »

Là-dessus, P’tit-Bonhomme embrassa Kat sur les deux joues, et, après lui avoir présenté Birk dans la soirée qui précéda le départ, il prit congé du fidèle animal.