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à trelingar-castle.

sérieux l’y avait conduit, et il lui eût prêté une attention complaisante. Mais, s’en irritant, au contraire, et s’emportant :

« On ne parle pas ainsi à Sa Seigneurie lord Piborne ! gronda-t-il. Je suis l’intendant du château ! C’est à moi que l’on s’adresse, et si tu ne veux pas m’apprendre ce qui t’amène…

— Je ne puis le dire qu’à lord Piborne, et je vous prie de le prévenir…

— Mauvais garnement, répondit M. Scarlett, en levant sa cravache, déguerpis, ou les chiens vont te happer aux jambes !… Prends garde à toi !… »

Et, surexcités par la voix de l’intendant, les chiens commençaient à se rapprocher.

Toute la crainte de P’tit-Bonhomme était que Birk, s’élançant hors du buisson, ne vînt à son secours — ce qui eût compliqué les choses.

En ce moment, aux cris des chiens qui aboyaient avec une fureur croissante, le comte Ashton parut au fond de la cour, et, s’avançant vers la grille :

« Qu’y a-t-il donc ? demanda-t-il.

— C’est un garçon qui vient mendier…

— Je ne suis pas un mendiant ! répéta P’tit-Bonhomme.

— Un galopin de grande route…

— Sauve-toi, vilain gueux, ou je ne réponds plus de mes chiens ! » s’écria le comte Ashton.

Et, en effet, ces animaux, que le jeune Piborne essayait de maîtriser, devenaient très menaçants.

Mais voici que, sur le perron, au seuil de la porte centrale, lord Piborne se montra dans toute sa majesté. S’apercevant alors que M. Scarlett n’était pas encore parti pour Kanturk, il descendit d’un pas mesuré les degrés du perron, traversa la cour d’honneur, s’informa de la cause de ce retard et de ce bruit.

« Que Sa Seigneurie m’excuse, répondit l’intendant, c’est ce polisson qui s’obstine, un mendiant…