Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
et il n’avait pas encore neuf ans.

l’exploration de la route sur deux ou trois milles, et que, pour le cas où Sim jugerait à propos de les poursuivre au-delà, Martine et Kitty rentreraient avant la nuit.

Un quart d’heure après, Grand’mère et P’tit-Bonhomme étaient seuls. Jenny dormait dans la chambre à côté de la salle — la chambre de Murdock et de Kitty. Une sorte de corbeille, suspendue par deux cordes à l’une des poutres du plafond, selon la mode irlandaise, servait de berceau à l’enfant.

Le fauteuil de Grand’mère était placé devant l’âtre, où P’tit-Bonhomme entretenait un bon feu de tourbe et de bois. De temps en temps, il se levait, il allait voir si sa filleule ne s’éveillait point, s’inquiétant du moindre mouvement qu’elle faisait, prêt à lui donner un peu de lait tiède, ou même à la rendormir en balançant doucement son berceau.

Grand’mère, tourmentée par l’inquiétude, prêtait l’oreille à tous les bruits du dehors, grésillement des neiges qui se durcissaient sur le chaume, gémissement des ais qui craquaient sous les piqûres du froid.

« Tu n’entends rien, P’tit-Bonhomme ? disait-elle.

— Non, Grand’mère ! »

Et, après avoir égratigné les vitres zébrées de givre, il essayait de jeter un regard à travers la fenêtre qui donnait sur la cour toute blanche.

Vers midi et demi, la petite fille poussa un léger cri. P’tit-Bonhomme se rendit près d’elle. Comme elle n’avait pas ouvert les yeux, il se contenta de la bercer pendant quelques instants, et le sommeil la reprit.

Il se disposait à retourner près de la vieille femme qu’il ne voulait pas laisser seule, lorsqu’un bruissement se fit entendre à l’extérieur. Il écouta avec plus d’attention. Ce n’était qu’une sorte de grattement qui lui parut venir de l’étable contiguë à la chambre de Murdock. Toutefois, celle-ci en étant séparée par un mur plein, il ne se préoccupa pas autrement de ce bruit. Quelques rats, sans