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double baptême.

Comme on le pense, quelque désir que chacun eût de lui être agréable, sa proposition demandait à être réfléchie. La jeune mère, consultée, n’y vit aucun inconvénient, car elle avait voué à P’tit-Bonhomme une affection quasi maternelle. Mais M. Martin et Martine se montrèrent assez indécis, n’ayant rien pu recueillir sur l’état civil de l’enfant ramassé dans le cimetière de Limerick et qui n’avait jamais connu ses parents.

Sur ces entrefaites, Murdock intervint et trancha la question. L’intelligence de P’tit-Bonhomme très supérieure à son âge, son esprit sérieux, son application en toutes choses, ce qui se lisait visiblement sur son front, c’est-à-dire qu’il se ferait sa place un jour, ces raisons le décidèrent.

« Veux-tu ?… lui demanda-t-il.

— Oui, monsieur Murdock », fit P’tit-Bonhomme.

Et il répondit d’un ton si ferme que chacun en fut frappé. Il avait à n’en point douter le sentiment de la responsabilité qu’il assumait pour l’avenir de sa filleule.

Le 26 septembre, dès l’aube, chacun fut prêt pour la cérémonie. Tous revêtus de leurs habits du dimanche, les femmes en carriole, les hommes à pied, se rendirent gaiement à la paroisse de Silton.

Mais, dès qu’ils furent entrés dans l’église, il surgit une complication, une difficulté à laquelle personne n’avait songé. Ce fut le curé de la paroisse qui la souleva.

Lorsqu’il eut demandé quel était le parrain choisi pour le nouveau-né :

« P’tit Bonhomme, répondit Murdock.

— Et quel âge a-t-il ?…

— Sept ans et demi.

— Sept ans et demi ?… C’est un peu jeune… Pourtant, il n’y a pas d’empêchement. Dites-moi, il a un autre nom que P’tit-Bonhomme, je suppose ?…

— Monsieur le curé, nous le lui en connaissons pas d’autre, répondit Grand’mère.