Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
p’tit-bonhomme.

— Sais-tu lire, petit ?… demanda le fermier.

— Un peu, et écrire en grosses lettres…

— Et compter ?…

— Oh ! oui… jusqu’à cent, monsieur…

— Bon ! dit Kitty en souriant, je t’apprendrai à compter jusqu’à mille, et à écrire en petites lettres.

— Je veux bien, madame. »

Et réellement, il voulait bien tout ce qu’on lui proposait, cet enfant. On voyait qu’il était décidé à reconnaître ce que ces braves gens allaient faire pour lui. Être le petit domestique de la ferme, c’est à cela que se bornait son ambition. Mais, ce qui était de nature à témoigner du sérieux de son esprit, c’est sa réponse au fermier, lorsque celui-ci lui eut dit en riant :

« Eh ! P’tit-Bonhomme, tu vas devenir un garçon précieux chez nous… Les chevaux, les vaches, les moutons… si tu t’occupes de tout, il ne restera plus de besogne pour nous… Ah ça ! combien me demanderas-tu de gages ?…

— Des gages ?…

— Oui !… Tu ne songes pas à travailler pour rien, je suppose ?…

— Oh ! non, monsieur Martin !

— Comment, s’écria Martine, assez surprise, comment, en dehors de sa nourriture, de son logement, de son habillement, il a la prétention d’être payé…

— Oui, madame. »

On le regardait, cet enfant, et il semblait qu’il eût dit là une énormité.

Murdock, qui l’observait, se contenta d’ajouter :

« Laissez-le donc s’expliquer !

— Oui, reprit Grand’mère, dis-nous ce que tu veux gagner… Est-ce de l’argent ?… »

P’tit-Bonhomme secoua la tête.

« Voyons… une couronne par jour ?… dit Kitty.

— Oh ! madame…