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la ferme de kerwan.

— Et ta maman ?…

— Je n’en ai plus ! »

Et il tendait ses bras vers la fermière.

« C’est un enfant abandonné », dit l’homme.

Si P’tit-Bonhomme avait porté ses beaux habits, le fermier en eût inféré que c’était un enfant égaré, et il aurait fait le nécessaire pour le ramener à sa famille. Mais avec les haillons de Sib, ce ne devait être qu’un de ces petits misérables qui n’appartiennent à personne…

« Viens donc », conclut le fermier.

Et, l’enlevant, il le mit entre les bras de sa femme, disant d’une voix rassurante :

« Un mioche de plus à la ferme, il n’y paraîtra guère, n’est-ce pas, Martine ?

— Non, Martin ! »

Et Martine essuya d’un bon baiser les grosses larmes de P’tit-Bonhomme.



VIII

la ferme de kerwan.


Que P’tit-Bonhomme n’eût pas vécu heureux dans la province de l’Ulster, cela ne paraissait que trop vraisemblable, bien que personne ne sût comment s’était passée sa première enfance en quelque village du comté de Donegal.

La province du Connaught ne lui avait pas été plus clémente, ni lorsqu’il courait les routes du comté de Mayo sous le fouet du mon-