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ACTE PREMIER

mettrai donc d’en commettre une troisième, qui sera de me rendre à cette soirée quand l’heure en sera venue.

Laurence

Vous me faites comprendre un peu cruellement que vous êtes le maître absolu de vos actions.

Robert

Voyons, Laurence, ce n’est pas sérieux, n’est-ce pas ? Et cette méchante querelle a trop duré ! Donne-moi ta petite main, et n’en parlons plus ! Je suis vif, je m’emporte… j’ai tort… mais aussi sois raisonnable… et ne me boude pas comme un enfant ! Tu as assez de confiance en moi pour que ces idées d’indépendance ne te portent aucun ombrage ; je t’accorde les mêmes droits, parce que j’ai la même confiance. Et de tout cela il résulte, en y songeant bien, que nous avons été tout à l’heure aussi fous et aussi maladroits l’un que l’autre (Il va pour l’embrasser.)

Laurence, se levant.

Parlez pour vous !

Robert, un peu piqué.

Soit ! comme vous voudrez ! Baptiste !… (Baptiste entre avec les objets et sort.)

Laurence

Je croyais que cette petite débauche ne commençait qu’à neuf heures, et il est à peine…

Robert

Il est l’heure à laquelle s’envolent les maris que l’on veut garder en cage !

Laurence

Trop d’esprit !

Robert

Esprit de liberté, voilà tout ! J’aurais eu plaisir à vous tenir encore compagnie, si vous aviez voulu être plus aimable ; mais j’aime mieux vous quitter que de continuer la conversation sur ce ton ; je pars donc, je vais à mon cercle, parce que mon ami Maxime Duvernet m’y a donné rendez-vous ; mon ami Maxime m’y a donné rendez-vous, parce que je dois le présenter chez mon autre ami Horace. Je ne sais quand je reviendrai, parce que j’ignore à quelle heure finira cette orgie romaine ; et maintenant, ma chère Laurence, que j’ai répondu à mon juge d’instruction, mes parce que ont l’honneur de tirer la révérence à vos pourquoi ! (Il sort par le fond.)