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quand même !

« Non, monsieur Burbank ! ajouta miss Alice. Vous ne pouvez pas songer à nous quitter…

— Et pour aller te mettre à la merci de pareilles gens ! » ajouta Edward Carrol.

James Burbank n’avait pas répondu. Tout d’abord, devant cette injonction brutale, son indignation s’était soulevée, et c’est à peine s’il avait pu la maîtriser.

Mais qu’y avait-il donc de nouveau qui rendît ces magistrats si audacieux ? Les compagnons et partisans de Texar étaient-ils devenus les maîtres ? Avaient-ils renversé les autorités qui conservaient encore quelque modération, et détenaient-ils le pouvoir à leur place ? Non ! Le régisseur Perry, revenu dans l’après-midi de Jacksonville, n’avait rapporté aucune nouvelle de ce genre.

« Ne serait-ce pas, dit M. Stannard, quelque récent fait de guerre, à l’avantage des sudistes, qui pousseraient les Floridiens à exercer des violences contre nous ?

— Je crains bien qu’il n’en soit ainsi ! répondit Edward Carrol. Si le Nord a éprouvé quelque échec, ces malfaiteurs ne se croiront plus menacés par l’approche du commodore Dupont et ils sont capables de se porter à tous les excès !

— On disait que, dans le Texas, reprit M. Stannard, les troupes fédérales avaient dû se retirer devant les milices de Sibley et repasser le Rio-Grande, après avoir subi une défaite assez grave à Valverde. C’est du moins ce que m’a appris un homme de Jacksonville que j’ai rencontré, il y a une heure à peine.

— Évidemment, ajouta Edward Carrol, voilà ce qui aura rendu ces gens si hardis !

— L’armée de Sherman, la flottille de Dupont, n’arriveront donc pas ! s’écria Mme Burbank.

— Nous ne sommes qu’au 26 février, répondit miss Alice, et, d’après la lettre de Gilbert, les bâtiments fédéraux ne doivent pas prendre la mer avant le 28.

— Et puis, il faut le temps de descendre jusqu’aux bouches du Saint-John,