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nord contre sud.

femme et sa fille prirent place auprès de lui. Edward Carrol, après avoir serré la main à sa sœur, s’était jeté dans un fauteuil. Zermah et Perry se tenaient debout près de l’escalier. Tous deux étaient assez de la famille pour que la lettre pût être lue en leur présence.

James Burbank l’avait ouverte.

« Elle est du 3 février, dit-il.

— Déjà quatre jours de date ! répondit Edward Carrol. C’est long dans les circonstances où nous sommes…

— Lis donc, père, lis donc ! » s’écria la petite fille avec une impatience bien naturelle à son âge.

Voici ce que disait cette lettre :

« À bord du Wabash, au mouillage d’Edisto.
3 février 1862.
« Cher père,

« Je commence par embrasser ma mère, ma petite sœur et toi. Je n’oublie pas non plus mon oncle Carrol, et, pour ne rien omettre, j’envoie à la bonne Zermah toutes les tendresses de son mari, mon brave et dévoué Mars. Nous allons tous les deux aussi bien que possible, et nous avons une fière envie d’être près de vous ! Cela ne tardera pas, dût nous maudire monsieur Perry, qui, en voyant les progrès du Nord, doit pester comme un entêté esclavagiste qu’il est, le digne régisseur ! »

— Voilà pour vous, Perry, dit Edward Carrol.

— Chacun a ses idées là-dessus ! » répondit M. Perry, en homme qui n’entend point sacrifier les siennes.

James Burbank continua :

« Cette lettre vous arrivera par un homme dont je suis sûr, n’ayez aucune crainte à cet égard. Vous avez dû apprendre que l’escadre du commodore Dupont s’est emparée de la baie de Port-Royal et des îles voisines. Le Nord