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nord contre sud.

C’est le Sumter et son fameux capitaine Semmes. C’est l’apparition du bélier Manassas. C’est, le 12 octobre, le combat naval à la tête des passes du Mississipi. C’est, le 8 novembre, la prise du Trent, navire anglais à bord duquel le capitaine Wilkes capture les commissaires confédérés — ce qui faillit amener la guerre entre l’Angleterre et les États-Unis.

Entre temps, les abolitionnistes et les esclavagistes se livrent de sanglants combats avec des alternatives de succès et de revers jusque dans l’État du Missouri. Des principaux généraux du Nord, l’un, Lyon, est tué, ce qui provoque la retraite des fédéraux à Rolla et la marche de Price avec les troupes confédérées vers le Nord. On se bat à Frederictown, le 21 octobre, à Springfield, le 25, et, le 27, Frémont occupe cette ville avec les fédéraux. Au 19 décembre, le combat de Belmont, entre Grant et Polk, demeure incertain. Enfin, l’hiver, si rigoureux dans ces contrées de l’Amérique septentrionale, vient mettre un terme aux opérations.

Les premiers mois de l’année 1862 sont employés en efforts véritablement prodigieux de part et d’autre.

Au Nord, le Congrès vote un projet de loi qui lève cinq cent mille volontaires, — ils seront un million à la fin de la lutte, — et approuve un emprunt de cinq cent millions de dollars. Les grandes armées sont créées, principalement celle du Potomac. Leurs généraux sont Banks, Butler, Grant, Sherman, Mac Clellan, Meade, Thomas, Kearney, Halleck, pour ne citer que les plus célèbres. Tous les services vont entrer en fonction. Infanterie, cavalerie, artillerie, génie, sont endivisionnés d’une manière à peu près uniforme. Le matériel de guerre se fabrique à outrance, carabines Minié et Colt, canons rayés des systèmes Parrott et Rodman, canons à âme lisse et columbiads Dahlgren, canons-obusiers, canons-revolvers, obus Shrapnell, parcs de siège. On organise la télégraphie et l’aérostation militaire, le reportage des grands journaux, les transports qui seront faits par vingt mille chariots attelés de quatre-vingt-quatre mille mules. On réunit des approvisionnements de toutes sortes, sous la direction du chef de l’ordonnance. On construit de nouveaux navires du type bélier, les « rams » du colonel Ellet, les « gun-boats » ou canonnières du commodore Foote, qui vont apparaître pour la première fois dans une guerre maritime.