Après un moment de silence, les deux hommes avaient continué comme il suit. Évidemment, ce fut Texar qui posa cette question :
« Tu n’es pas venu seul ?
— Non, et quelques-uns de nos partisans m’ont accompagné jusqu’aux Everglades.
— Combien sont-ils ?
— Une quarantaine.
— Ne crains-tu pas qu’ils soient mis au courant de ce que nous avons pu dissimuler depuis si longtemps ?
— Aucunement. Ils ne nous verront jamais ensemble. Quand ils quitteront l’île Carneral, ils n’auront rien su, et rien ne sera changé au programme de notre vie ! »
En ce moment, Zermah crut entendre le froissement de deux mains qui venaient de se serrer.
Puis, la conversation fut reprise en ces termes :
« Que s’est-il donc passé depuis la prise de Jacksonville ?
— Une affaire assez grave. Tu sais que Dupont s’est emparé de Saint-Augustine ?
— Oui, je le sais, et toi, sans doute, tu n’ignores pas pourquoi je dois le savoir !
— En effet ! L’histoire du train de Fernandina est venue à propos pour te permettre d’établir un alibi qui a mis le Conseil dans l’obligation de t’acquitter !
— Et il n’en avait guère envie ! Bah !… Ce n’est pas la première fois que nous échappons ainsi…
— Et ce ne sera pas la dernière. Mais peut-être ignores-tu quel a été le but des fédéraux en occupant Saint-Augustine ? Ce n’était pas tant pour réduire la capitale du comté de Saint-John que pour organiser le blocus du littoral de l’Atlantique.
— Je l’ai entendu dire.
— Eh bien, surveiller la côte depuis l’embouchure du Saint-John jusqu’aux îles de Bahama, cela n’a pas paru suffisant à Dupont, qui a voulu