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les everglades.

Devant cette affirmation, Texar fit un geste qui trahissait la plus absolue incrédulité.

« Oui, bientôt, reprit Zermah. Si ce n’est pas par la fuite, ce sera par la mort ! »

L’Espagnol, après avoir rejeté lentement la fumée de sa cigarette, se contenta de répondre :

« Bah ! La petite fille se remettra avec quelques jours de repos, et je compte sur tes bons soins, Zermah, pour nous conserver cette précieuse existence !

— Non, je vous le répète, Texar. Avant peu, cette enfant sera morte, et morte sans profit pour vous !

— Sans profit, répliqua Texar, quand je la tiens loin de sa mère mourante, de son père, de son frère, réduits au désespoir !

— Soit ! dit Zermah. Aussi êtes-vous assez vengé, Texar, et, croyez-moi, vous auriez plus d’avantages à rendre cette enfant à sa famille qu’à la retenir ici.

— Que veux-tu dire ?

— Je veux dire que vous avez assez fait souffrir James Burbank. Maintenant votre intérêt doit parler…

— Mon intérêt ?…

— Assurément, Texar, répondit Zermah en s’animant. La plantation de Camdless-Bay a été dévastée, Mme Burbank est mourante, peut-être morte au moment où je vous parle, sa fille a disparu, et son père chercherait vainement à retrouver ses traces. Tous ces crimes, Texar, ont été commis par vous, je le sais, moi ! J’ai le droit de vous le dire en face. Mais prenez garde ! Ces crimes se découvriront un jour. Eh bien, pensez au châtiment qui vous atteindra. Oui ! Votre intérêt vous commande d’avoir pitié. Je ne parle pas pour moi, que mon mari ne retrouvera plus à son retour. Non ! je ne parle que pour cette pauvre petite qui va mourir. Gardez-moi, si vous le voulez, mais renvoyez cette enfant à Camdless-Bay, rendez-la à sa mère. On ne vous demandera plus jamais compte du passé. Et même, si vous l’exigez, ce sera à prix d’or que l’on vous payera la liberté de cette petite fille.