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nord contre sud.

Ainsi, au lieu d’une troupe de milices floridiennes que James Burbank et les siens croyaient avoir devant eux, au lieu d’une bande des partisans de Texar, c’étaient des amis qui leur arrivaient, c’étaient des compagnons d’armes, dont le renfort venait si à propos !

« Hurrah ! hurrah ! » s’écrièrent-ils avec une telle vigueur que tout le campement en fut réveillé.

Presque aussitôt, des torches brillaient dans l’ombre. On se rejoignait, on se réunissait dans la clairière, et le capitaine Howick, avant toute explication, serrait la main du jeune lieutenant, qu’il ne s’attendait guère à trouver sur la route des Everglades.

Les explications ne furent ni longues ni difficiles.

« Mon capitaine, demanda Gilbert, pouvez-vous m’apprendre ce que vous venez faire dans la Basse-Floride ?

— Mon cher Gilbert, répondit le capitaine Howick, nous y sommes envoyés en expédition par le commodore.

— Et vous venez ?…

— De Mosquito-Inlet, d’où nous avons d’abord gagné New-Smyrna dans l’intérieur du comté.

— Je vous demanderai alors, mon capitaine, quel est le but de votre expédition ?

— Elle a pour but de châtier une bande de partisans sudistes, qui ont attiré deux de nos chaloupes dans un guet-apens, et de venger la mort de nos braves camarades ! »

Et voici ce que raconta le capitaine Howick, — ce que ne pouvait connaître James Burbank, car le fait s’était passé deux jours après son départ de Camdless-Bay.

On n’a pas oublié que le commodore Dupont s’occupait alors d’organiser le blocus effectif du littoral. À cet effet, sa flottille battait la mer depuis l’île Anastasia, au-dessus de Saint-Augustine, jusqu’à l’ouvert du canal qui sépare les îles de Bahama du cap Sable, situé à la pointe méridionale de la Floride. Mais cela ne lui parut pas suffisant, et il résolut de traquer les embarcations sudistes jusque dans les petits cours d’eau de la péninsule.