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nord contre sud.

faire, assez d’adresse pour tromper la vigilance des sentinelles qui étaient de garde.

Cependant Mars gagnait du terrain. Afin de ne point être embarrassé, le cas échéant, il n’avait pris ni fusil ni revolver. Il n’était armé que d’une hache, car il convenait d’éviter toute détonation et de se défendre sans bruit.

Bientôt le brave métis ne fut plus qu’à très courte distance de l’un des hommes de garde, lequel n’était lui-même qu’à sept ou huit yards du campement. Tout était silencieux. Évidemment fatigués par une longue marche, ces gens dormaient d’un profond sommeil. Seules, les sentinelles veillaient à leur poste avec plus ou moins de vigilance — ce dont Mars ne tarda pas à s’apercevoir.

En effet, si l’un des hommes, qu’il observait depuis quelques instants, était debout, il ne remuait plus. Son fusil reposait sur le sol. Accoté contre un cyprès, la tête basse, il semblait prêt à succomber au sommeil. Peut-être ne serait-il pas impossible de se glisser derrière lui et d’atteindre ainsi la limite du campement.

Mars s’approchait lentement du factionnaire, lorsque le bruit d’une branche sèche qu’il venait de briser du pied, révéla soudain sa présence.

Aussitôt l’homme se redressa, releva la tête, se pencha, regarda à droite, à gauche.

Sans doute, il vit quelque chose de suspect, car il saisit son fusil et l’épaula…

Avant qu’il eût fait feu, Mars avait arraché l’arme braquée sur sa poitrine et terrassé le factionnaire, après lui avoir appliqué sa large main sur la bouche, sans qu’il eût pu jeter un cri.

Un instant après, cet homme était bâillonné, enlevé dans les bras du vigoureux métis, contre lequel il se défendait en vain, et rapidement emporté vers la clairière où se tenait James Burbank.

Rien n’avait donné l’éveil aux autres sentinelles qui gardaient le campement, — preuve qu’elles veillaient avec négligence. Quelques instants après, Mars arrivait avec son fardeau et le déposait aux pieds de son jeune maître.