Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.
346
nord contre sud.

procher du détachement dans des conditions meilleures. Peut-être serait-il possible de le reconnaître, sans avoir été aperçu, de le tourner en se dissimulant sous les profondeurs de la forêt, de prendre les devants pour se porter vers le sud-est, de manière à le précéder au lac Okee-cho-bee et à l’île Carneral.

La petite troupe, ayant toujours Mars et Gilbert en éclaireurs, partit vers huit heures et demie, et s’engagea silencieusement sous le dôme des arbres, au milieu d’une assez profonde obscurité. Pendant deux heures environ, tous cheminèrent ainsi, assourdissant le bruit de leurs pas pour ne point se trahir.

Un peu après dix heures, James Burbank arrêta d’un mot le groupe de noirs, en tête duquel il se trouvait avec le régisseur. Son fils et Mars venaient de se replier rapidement sur eux. Tous, immobiles, attendaient l’explication de cette brusque retraite.

Cette explication fut bientôt donnée.

« Qu’y a-t-il ?… demanda James Burbank. Qu’avez-vous aperçu, Mars et toi ?…

— Un campement établi sous les arbres et dont les feux sont encore très visibles.

— Loin d’ici ?… demanda Edward Carrol.

À cent pas.

— Avez-vous pu reconnaître quels sont les gens qui occupent ce campement ?

— Non, car les feux commencent à s’éteindre, répondit Gilbert. Mais je crois que nous ne nous sommes pas trompés en évaluant leur nombre à deux cents hommes !

— Dorment-ils, Gilbert ?

— Oui, pour la plupart, non sans s’être gardés toutefois. Nous avons aperçu quelques sentinelles, le fusil à l’épaule, qui vont et viennent entre les cyprès.

— Que devons-nous faire ? demanda Edward Carrol en s’adressant au jeune officier.