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la grande cyprière.

« Quels sont ces hommes ? je l’ignore. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont nombreux et qu’ils descendent vers les Everglades.

— Ne serait-ce point une troupe de Séminoles nomades ? demanda Edward Carrol.

— Non, répondit Mars. La trace des pas indique nettement que ces hommes sont américains…

— Peut-être des soldats de la milice floridienne ?… fit observer James Burbank.

— C’est à craindre, répondit Perry. Ils paraissent être en trop grand nombre pour appartenir au personnel de Texar…

À moins que cet homme n’ait été rejoint par une bande de ses partisans, dit Edward Carrol. Dès lors, il ne serait pas surprenant qu’ils fussent là plusieurs centaines…

— Contre dix-sept !… répondit le régisseur.

— Eh ! qu’importe ! s’écria Gilbert. S’ils nous attaquent ou s’il faut les attaquer, pas un de nous ne reculera !

— Non !… Non !… » s’écrièrent les courageux compagnons du jeune officier.

C’était là un entraînement bien naturel, sans doute. Et, cependant, à la réflexion, on devait comprendre tout ce qu’une pareille éventualité eût présenté de mauvaises chances.

Toutefois, bien que cette pensée se présentât probablement à l’esprit de tous, elle ne diminua rien du courage de chacun. Mais, si près du but, rencontrer l’obstacle ! Et quel obstacle ! Un détachement de sudistes, peut-être des partisans de Texar, qui cherchaient à rejoindre l’Espagnol aux Everglades, afin d’y attendre le moment de reparaître dans le nord de la Floride !

Oui ! c’était là ce que l’on devait certainement craindre. Tous le sentaient. Aussi, après le premier mouvement d’enthousiasme, restaient-ils muets, pensifs, regardant leur jeune chef, se demandant quel ordre il allait leur donner.

Gilbert, lui aussi, avait subi l’impression commune. Mais, redressant la tête :

« En avant ! » dit-il.