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nord contre sud.

« En effet, répondit cet homme, il y a quarante-huit heures, j’ai vu passer une embarcation qui doit être celle dont vous parlez.

— Et a-t-elle fait halte à ce hameau ? demanda Gilbert.

— Non ! Elle s’est au contraire hâtée d’aller rejoindre le haut cours du fleuve. J’ai distinctement vu, à bord, ajouta le Floridien, une femme avec une petite fille dans ses bras.

— Mes amis, s’écria Gilbert, bon espoir ! Nous sommes bien sur les traces de Texar !

— Oui ! répondit James Burbank. Il n’a sur nous qu’une avance de quarante-huit heures, et, si notre embarcation peut encore nous porter pendant quelques jours, nous gagnerons sur lui !

— Connaissez-vous le cours du Saint-John en amont du lac George ? demanda Edward Carrol au Floridien.

— Oui, monsieur, et je l’ai même remonté sur un parcours de plus de cent milles.

— Pensez-vous qu’il puisse être navigable pour une embarcation comme la nôtre ?

— Que tire-t-elle ?

— Trois pieds à peu près, répondit Mars.

— Trois pieds ? dit le Floridien. Ce sera bien juste en de certains endroits. Cependant, en sondant les passes, je crois que vous pourrez arriver jusqu’au lac Washington.

— Et là, demanda M. Carrol, à quelle distance serons-nous du lac Okee-cho-bee ?

— À cent cinquante milles environ.

— Merci, mon ami.

— Embarquons, s’écria Gilbert, et naviguons jusqu’à ce que l’eau nous manque. »

Chacun reprit sa place. Le vent ayant calmi avec le soir, les avirons furent gréés et maniés avec vigueur. Les rives rétrécies du fleuve disparurent rapidement. Avant la complète tombée de la nuit, on gagna plusieurs milles vers le sud. Il ne fut pas question de s’arrêter, puisqu’on pouvait dormir à bord.