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de camdless-bay au lac washington.

aller au courant qui s’établissait par son déversoir naturel. Trois heures plus tard, après avoir rapidement franchi les vingt milles qui séparent la Crique-Noire de la plantation, Gilbert et Mars débarquaient au pier de Camdless-Bay.

On les attendait à Castle-House. James Burbank ni aucun des siens n’avaient encore regagné leurs chambres. Ils s’inquiétaient de ce retard inaccoutumé. Gilbert et Mars avaient l’habitude de revenir chaque soir. Pourquoi n’étaient-ils pas de retour ? En devait-on conclure qu’ils avaient trouvé une piste nouvelle, que leurs recherches allaient peut-être aboutir ? Que d’angoisses dans cette attente !

Ils arrivèrent enfin, et, à leur entrée dans le hall, tous s’étaient précipités vers eux.

« Eh bien… Gilbert ? s’écria James Burbank.

— Mon père, répondit le jeune officier, Alice ne s’est point trompée !… C’est bien Texar qui a enlevé ma sœur et Zermah.

— Tu en as la preuve ?

— Lisez ! »

Et Gilbert présenta ce papier informe, qui portait les quelques mots écrits de la main de la métisse.

« Oui, reprit-il, plus de doute possible, c’est l’Espagnol ! Et, ses deux victimes, il les a conduites ou fait conduire au vieux fortin de la Crique-Noire ! C’est là qu’il demeurait à l’insu de tous. Un pauvre esclave, auquel Zermah avait confié ce papier, afin qu’il le fît parvenir à Castle-House, et de qui elle a sans doute appris que Texar allait partir pour l’île Carneral, a payé de sa vie d’avoir voulu se dévouer pour elle. Nous l’avons trouvé mourant, frappé de la main de Texar, et maintenant il est mort. Mais, si Dy et Zermah ne sont plus à la Crique-Noire, nous savons, du moins, dans quelle partie de la Floride on les a entraînées. C’est aux Everglades, et c’est là qu’il faut aller les reprendre. Dès demain, mon père, dès demain, nous partirons…

— Nous sommes prêts, Gilbert.

À demain donc ! »