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nord contre sud.

Gilbert avait serré la main de sa fiancée, qui n’avait pu retenir quelques larmes, et tous deux se séparèrent.

À dix heures, James Burbank et son fils, ayant pris congé de leurs amis, s’embarquèrent au petit port de Camdless-Bay.

La traversée du fleuve se fit rapidement. Cependant, sur une observation de Gilbert, au lieu de se diriger vers Jacksonville, l’embarcation manœuvra de manière à venir accoster la canonnière du commandant Stevens.

Cet officier se trouvait être alors le chef militaire de la ville. Il convenait donc que la démarche de James Burbank lui fût d’abord soumise. Les communications de Stevens avec les autorités étaient fréquentes. Il n’ignorait pas quel rôle Texar avait joué depuis que ses partisans étaient arrivés au pouvoir, quelle était sa part de responsabilité dans les événements qui avaient désolé Camdless-Bay, pourquoi et comment, à l’heure où les milices battaient en retraite, il avait été arrêté et mis en prison. Il savait aussi qu’une vive réaction s’était faite contre lui, que toute la population honnête de Jacksonville se levait pour demander qu’il fût puni de ses crimes.

Le commandant Stevens fit à James et à Gilbert Burbank l’accueil qu’ils méritaient. Il ressentait pour le jeune officier une estime toute particulière, ayant pu apprécier son caractère et son courage depuis que Gilbert servait sous ses ordres. Après le retour de Mars à bord de la flottille, lorsqu’il avait appris que Gilbert était tombé entre les mains des sudistes, il eût à tout prix voulu le sauver. Mais, arrêté devant la barre du Saint-John, comment fût-il arrivé à temps ?… On sait à quelles circonstances était dû le salut du jeune lieutenant et de James Burbank.

En quelques mots, Gilbert fit au commandant Stevens le récit de ce qui s’était passé, confirmant ainsi ce que Mars lui avait déjà appris. S’il n’était pas douteux que Texar eût été en personne l’auteur de l’enlèvement à la crique Marino, il n’était pas douteux, non plus, que cet homme pût seul dire en quel endroit de la Floride Dy et Zermah étaient maintenant détenues par ses complices. Leur sort se trouvait donc entre les mains de l’Espagnol, cela n’était que trop certain, et le commandant Stevens n’hésita pas à le