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nord contre sud.

Cependant Gilbert et Mars avaient en vain exploré les rives et les îlots du fleuve jusqu’au delà de Picolata. Dès lors, il n’y avait plus qu’à agir directement sur Texar. Depuis le jour où les portes de la prison s’étaient refermées sur lui, il n’avait pu avoir aucun rapport avec ses complices. Il s’en suit que la petite Dy et Zermah devaient se trouver encore là où elles étaient avant l’occupation du Saint-John par les fédéraux.

En ce moment, l’état des choses à Jacksonville permettait que la justice y suivît son cours régulier à l’égard de l’Espagnol, s’il refusait de répondre. Toutefois, avant d’en arriver à ces moyens extrêmes, on pouvait espérer qu’il consentirait à faire quelques aveux à la condition d’être rendu à la liberté.

Le 14, on résolut de tenter cette démarche avec l’approbation des autorités militaires, qui était assurée d’avance.

Mme Burbank avait repris de ses forces. Le retour de son fils, l’espoir de revoir bientôt son enfant, l’apaisement qui s’était fait dans le pays, la sécurité maintenant garantie à la plantation de Camdless-Bay, tout se réunissait pour lui rendre un peu de cette énergie morale qui l’avait abandonnée. Rien n’était plus à craindre des partisans de Texar qui avaient terrorisé Jacksonville. Les milices s’étaient retirées vers l’intérieur du comté de Putnam. Si, plus tard, celles de Saint-Augustine, après avoir franchi le fleuve sur son haut cours, devaient songer à leur donner la main, afin de tenter quelque expédition contre les troupes fédérales, il n’y avait là qu’un péril fort éloigné, dont on pouvait ne pas se préoccuper, tant que Dupont et Sherman résideraient en Floride.

Il fut donc convenu que James et Gilbert Burbank iraient ce jour même à Jacksonville, mais aussi qu’ils iraient seuls. MM. Carrol, Stannard et Mars resteraient à la plantation. Miss Alice ne quitterait pas Mme Burbank. D’ailleurs, le jeune officier et son père comptaient bien être de retour avant le soir à Castle-House, et y rapporter quelque heureuse nouvelle. Dès que Texar aurait fait connaître la retraite où Dy et Zermah étaient retenues, on s’occuperait de leur délivrance. Quelques heures, un jour au plus, y suffiraient sans doute.