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singulière opération.

Ainsi Zermah put ouvrir la porte de sa chambre et s’avancer en retenant sa respiration.

L’obscurité était profonde. Quelques lueurs seulement venaient de la chambre de l’Indien.

Zermah s’approcha de la porte et regarda par l’interstice des ais disjoints.

Or, ce qu’elle vit était assez singulier pour qu’il lui fût impossible d’en comprendre la signification.

Bien que la chambre ne fût éclairée que par un bout de chandelle résineuse, cette lumière suffisait à l’Indien, occupé alors d’un travail assez délicat.

Texar était assis devant lui, sa casaque de cuir retirée, son bras gauche mis à nu, étendu sur une petite table, sous la clarté même de la résine. Un papier, de forme bizarre, percé de petits trous, avait été placé sur la partie interne de son avant-bras. Au moyen d’une fine aiguille, Squambô lui piquait la peau à chaque place marquée par les trous du papier. C’était une opération de tatouage que pratiquait l’Indien — opération à laquelle il devait être fort expert en sa qualité de Séminole. Et, en effet, il la faisait avec assez d’adresse et de légèreté de main pour que l’épiderme fût seulement touché par la pointe de l’aiguille, sans que l’Espagnol éprouvât la moindre douleur.

Lorsque cela fut achevé, Squambô enleva le papier ; puis, prenant quelques feuilles d’une plante que Texar avait apportée, il en frotta l’avant-bras de son maître.

Le suc de cette plante, introduit dans les piqûres d’aiguille, ne laissa pas de causer une vive démangeaison à l’Espagnol, qui n’était pas homme à se plaindre pour si peu.

L’opération terminée, Squambô rapprocha la résine de la partie tatouée. Un dessin rougeâtre apparut nettement alors sur la peau de l’avant-bras de Texar.

Ce dessin reproduisait exactement celui que les trous d’aiguille formaient sur le papier. Le décalque avait été fait avec une exactitude parfaite. C’étaient