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singulière opération.

située en face de la sienne, après avoir fait sa ronde habituelle autour de l’enclos.

Zermah surprit alors quelques paroles que deux individus échangeaient. Elle s’approcha de la porte, elle prêta l’oreille, elle reconnut la voix de Squambô, et presque aussitôt la voix de Texar.

Un frisson la saisit. Que venait faire l’Espagnol au fortin à cette heure ? S’agissait-il de quelque nouvelle machination contre la métisse et l’enfant ? Allaient-elles être arrachées de leur chambre, transportées en quelque autre retraite plus ignorée, plus impénétrable encore que cette Crique-Noire ?

Toutes ces suppositions se présentèrent en un instant à l’esprit de Zermah…

Puis, son énergie reprenant le dessus, elle s’appuya près de la porte, elle écouta.

« Rien de nouveau ? disait Texar.

— Rien, maître, répliquait Squambô.

— Et Zermah ?

— J’ai refusé de répondre à ses demandes.

— Des tentatives ont-elles été faites pour arriver jusqu’à elle depuis l’affaire de Camdless-Bay ?

— Oui, mais aucune n’a réussi. »

À cette réponse, Zermah comprit que l’on s’était mis à sa recherche. Qui donc ?

« Comment l’as-tu appris ? demanda Texar.

— Je suis allé plusieurs fois jusqu’à la rive du Saint-John, répondit l’Indien, et, il y a quelques jours, j’ai observé qu’une barque rôdait à l’ouvert de la Crique-Noire. Il est même arrivé que deux hommes ont débarqué sur l’un des îlots de la rive.

— Quels étaient ces hommes ?

— James Burbank et Walter Stannard ! »

Zermah pouvait à peine contenir son émotion. C’étaient James Burbank et Stannard. Ainsi les défenseurs de Castle-House n’avaient pas tous péri dans