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singulière opération.

Lorsque Zermah eut observé comment la surveillance s’exerçait autour de l’enclos, quand elle vit qu’elle ne devait attendre aucun secours de ceux qui la gardaient, toute autre, moins courageuse qu’elle, moins énergique, eût désespéré. Il n’en fut rien. Ou les secours lui arriveraient du dehors, et, dans ce cas, ils ne pouvaient venir que de James Burbank, s’il était libre d’agir, ou de Mars, si le métis apprenait dans quelles conditions sa femme avait disparu.

À leur défaut, elle ne devait compter que sur elle-même pour le salut de la petite-fille. Elle ne faillirait pas à cette tâche.

Zermah, absolument isolée au fond de cette lagune, ne se voyait entourée que de figures farouches. Toutefois, elle crut remarquer qu’un des noirs, jeune encore, la regardait avec quelque commisération. Y avait-il là un espoir ?

Pourrait-elle se confier à lui, lui indiquer la situation de Camdless-Bay, l’engager à s’échapper pour se rendre à Castle-House ? C’était douteux. D’ailleurs, Squambô surprit sans doute ces marques d’intérêt de la part de l’esclave, car celui-ci fut tenu à l’écart. Zermah ne le rencontra plus pendant ses promenades à travers l’enclos.

Plusieurs jours se passèrent sans amener aucun changement dans la situation.

Du matin au soir, Zermah et Dy avaient toute liberté d’aller et venir. La nuit, bien que Squambô ne les enfermât pas dans leur chambre, elles n’auraient pu quitter le réduit central. L’Indien ne leur parlait jamais. Aussi Zermah avait-elle dû renoncer à l’interroger. Pas un seul instant il ne quittait l’îlot.

On sentait que sa surveillance s’exerçait à toute heure. Les soins de Zermah se reportèrent donc sur l’enfant, qui demandait instamment à revoir sa mère.

« Elle viendra !… lui répondait Zermah. J’ai eu de ses nouvelles !… Ton père doit venir aussi, ma chérie ; avec miss Alice… »

Et, quand elle avait ainsi répondu, la pauvre créature ne savait plus qu’imaginer.