Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
nord contre sud.

Gilbert fut extrait de sa prison. La foule l’accompagna de ses hurlements, comme la veille. Lorsqu’il entra dans la salle du Comité, où se trouvaient déjà les plus forcenés partisans de l’Espagnol, ce fut au milieu des plus violentes clameurs.

« À mort, l’espion !… À mort ! »

C’était l’accusation que lui jetait cette vile populace, accusation inspirée par Texar.

Gilbert, cependant, avait repris tout son sang-froid, et il parvint à se maîtriser, même en face de l’Espagnol, qui n’avait pas eu la pudeur de se récuser dans une pareille affaire.

« Vous vous nommez Gilbert Burbank, dit Texar, et vous êtes officier de la marine fédérale ?

— Oui.

— Et maintenant lieutenant à bord de l’une des canonnières du commandant Stevens ?

— Oui.

— Vous êtes le fils de James Burbank, un Américain du Nord, propriétaire de la plantation de Camdless-Bay ?

— Oui.

— Avouez-vous avoir quitté la flottille mouillée sous la barre, dans la nuit du 10 mars ?

— Oui.

— Avouez-vous avoir été capturé, alors que vous cherchiez à regagner la flottille, en compagnie d’un matelot de votre bord ?

— Oui.

— Voulez-vous dire ce que vous êtes venu faire dans les eaux du Saint-John ?

— Un homme s’est présenté à bord de la canonnière dont je suis le second. Il m’a appris que la plantation de mon père venait d’être dévastée par une troupe de malfaiteurs, que Castle-House avait été assiégée par des bandits. Je n’ai pas à dire au président du Comité qui me juge, à qui incombe la responsabilité de ces crimes.