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nord contre sud.

« Il est l’heure de partir, dit-il.

– Oui, Gilbert, répondit James Burbank. Pars donc !… Nous ne nous reverrons plus qu’à Jacksonville…

– Oui ! à Jacksonville, et dès demain, si la marée nous permet de franchir la barre. Quant à Texar…

– C’est vivant qu’il nous le faut !… Ne l’oublie pas, Gilbert !

– Oui !… Vivant !… »

Le jeune homme embrassa son père, il serra les mains de son oncle Carrol de M. Stannard :

« Viens, Mars », dit-il.

Et tous deux, suivant la rive droite du fleuve, le long des berges de la plantation, marchèrent rapidement pendant une demi-heure. Ils ne rencontrèrent personne sur la route. Arrivés à l’endroit où ils avaient laissé leur gig, caché sous un amoncellement de roseaux, ils s’embarquèrent pour aller prendre le fil du courant qui devait les entraîner rapidement vers la barre du Saint-John.


XIV

sur le saint-john


Le fleuve était alors désert dans cette partie de son cours. Pas une seule lueur n’apparaissait sur la rive opposée. Les lumières de Jacksonville se cachaient derrière le coude que fait la crique de Camdless, en s’arrondissant vers le nord. Leur reflet seul montait au-dessus et teintait la plus basse couche des nuages.

Bien que la nuit fût sombre, le gig pouvait facilement prendre direction sur la barre. Comme aucune vapeur ne se dégageait des eaux du Saint-