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nord contre sud.

la barre du Saint-John. Je vous le répète, dans trois jours au plus tard, nous serons maîtres de Jacksonville !

— Tu vois bien, Gilbert, répondit M. Burbank, qu’il faut attendre et retourner à ton bord ! Mais, pendant que tu te dirigeais vers Camdless-Bay, ne crains-tu pas d’avoir été suivi ?…

— Non, mon père, répondit le jeune lieutenant. Mars et moi, nous avons dû échapper à tous les regards.

— Et cet homme, qui est venu t’apprendre ce qui s’était passé à la plantation, l’incendie, le pillage, la maladie de ta mère, qui est-il ?

— Il m’a dit être un des gardiens qui ont été chassés du phare de Pablo, et il venait prévenir le commandant Stevens du danger que couraient les nordistes dans cette partie de la Floride.

— Il n’était pas instruit de ta présence à bord ?

— Non, et il en a paru même fort surpris, répondit le jeune lieutenant. Mais pourquoi ces questions, mon père ?

— C’est que je redoute toujours quelque piège de la part de Texar. Il fait plus que soupçonner, il sait que tu sers dans la marine fédérale. Il a pu apprendre que tu étais sous les ordres du commandant Stevens. S’il avait voulu t’attirer ici…

— Ne craignez rien, mon père. Nous sommes arrivés à Camdless-Bay, sans avoir été vus en remontant le fleuve, et il en sera de même lorsque nous le descendrons…

— Pour retourner à ton bord… non ailleurs !

— Je vous l’ai promis, mon père. C’est à notre bord que Mars et moi nous serons rentrés avant le jour.

À quelle heure partirez-vous ?

— Au renversement de la marée, c’est-à-dire vers deux heures et demie du matin.

— Qui sait ? reprit M. Carrol. Peut-être les canonnières de Stevens ne seront-elles pas retenues pendant trois jours encore devant la barre du Saint-John ?

— Oui !… il suffit que le vent du large fraîchisse pour donner assez d’eau sur la barre, répondit le jeune lieutenant. Ah ! dût-il souffler en tem-