Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
nord contre sud.

tants. On le vit bien, en maint endroit, mais plutôt sur la portion septentrionale de la Floride, du côté de la frontière géorgienne, où les propriétaires de plantations, surtout les gens du Nord, furent très maltraités, leurs esclaves mis en fuite, leurs scieries et chantiers détruits par l’incendie, leurs établissements dévastés par les troupes des confédérés, comme Camdless-Bay venait de l’être par la populace de Jacksonville.

Cependant, il ne semblait pas — maintenant du moins — que la plantation eût lieu de craindre un nouvel envahissement, ni Castle-House, une nouvelle agression. Toutefois, combien il tardait à James Burbank que les fédéraux fussent maîtres du territoire ! Dans l’état actuel des choses, on ne pouvait rien tenter directement contre Texar, ni le poursuivre devant la justice pour des faits qui ne sauraient être démentis, cette fois, ni obliger à révéler en quel lieu il retenait Dy et Zermah.

Par quelle série d’angoisses passèrent James Burbank et les siens en présence de ces retards si prolongés ! Ils ne pouvaient croire, cependant, que les fédéraux songeassent à s’immobiliser sur la frontière. La dernière lettre de Gilbert disait formellement que l’expédition du commodore Dupont et de Sherman avait la Floride pour objectif. Depuis cette lettre, le gouvernement fédéral avait-il donc envoyé des ordres contraires à la baie d’Edisto où l’escadre attendait avant de reprendre la mer ? Un succès des troupes confédérées, survenu en Virginie ou dans les Carolines, obligeait-il l’armée de l’Union à s’arrêter dans sa marche vers le Sud ? Quelle série d’inquiétudes permanentes pour cette famille si éprouvée depuis le commencement de la guerre ! À combien de catastrophes ne devait-elle pas s’attendre encore !

Ainsi s’écoulèrent les cinq jours qui suivirent l’envahissement de Camdless-Bay. Nulle nouvelle des dispositions prises par les fédéraux. Nulle nouvelle de Dy ni de Zermah, bien que James Burbank eût tout fait pour retrouver leurs traces, bien que pas une seule journée se fût écoulée, sans avoir été marquée par un nouvel effort !

On arriva au 9 mars. Edward Carrol était complètement guéri. Il allait pouvoir se joindre aux démarches qui seraient faites par ses amis.