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mistress branican.

« C’est mon John… Il revient… il revient !… s’écria-t-elle. Il va retrouver sa femme et son enfant !… John !… voilà mon John !… »

Mrs. Branican avait perdu la raison.





V

trois mois se passent


Comment peindre l’effet que produisit à San-Diégo cette double catastrophe, la mort de l’enfant… la folie de la mère ! On sait de quelle sympathie la population entourait la famille Branican, quel intérêt inspirait le jeune capitaine du Franklin. Il était parti depuis quinze jours à peine et il n’était plus père… Sa malheureuse femme était folle !… À son retour, dans sa maison vide, il ne retrouverait plus ni les sourires de son petit Wat, ni les tendresses de Dolly, qui ne le reconnaîtrait même pas !… Le jour où le Franklin rentrerait au port, il ne serait pas salué par les hurras de la ville !

Mais il ne fallait pas attendre son retour pour que John Branican fût instruit de l’horrible malheur qui venait de le frapper. M. William Andrew ne pouvait pas laisser le jeune capitaine dans l’ignorance de ce qui s’était passé, à la merci de quelque circonstance fortuite qui lui apprendrait cette effroyable catastrophe. Il fallait immédiatement expédier une dépêche à l’un des correspondants de Singapore. De cette façon, le capitaine John connaîtrait l’affreuse vérité avant d’arriver aux Indes.

Cependant M. William Andrew ne voulut pas envoyer tout de suite cette dépêche. Peut-être la raison de Dolly n’était-elle pas irrémédiablement perdue ! Savait-on si les soins qui l’entoureraient ne lui