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à bord du boundary.

De nouveau, ce courageux matelot, — c’était un homme de trente ans, nommé Zach Fren, — se jeta à la mer, plongea à plusieurs reprises, fouilla les eaux autour de l’embarcation… Ce fut vainement… Il ne put retrouver l’enfant, qui avait été entraîné par un courant de dessous.

Pendant ce temps, les passagers donnaient à Mrs. Branican tous les soins que réclamait son état. Jane, éperdue, la nourrice, affolée, essayaient de la faire revenir à elle. La steam-launch, immobile, attendait que Zach Fren eût renoncé à tout espoir de sauver le petit Wat.

Enfin Dolly commença à reprendre ses sens. Elle balbutia le nom de Wat, ses yeux s’ouvrirent, et son premier cri fut :

« Mon enfant ! »

Elle aperçut Zach Fren qui remontait à bord pour la dernière fois… Wat n’était pas dans ses bras.

« Mon enfant ! » cria encore Dolly.

Puis, se redressant, elle repoussa ceux qui l’entouraient, et courut vers l’arrière.

Et, si on ne l’eût empêchée, elle se fût précipitée par-dessus le bord…

Il fallut maintenir la malheureuse femme, tandis que la steam-launch reprenait sa marche vers le quai de San-Diégo.

Mrs. Branican, la figure convulsée, les mains crispées, était retombée sur le pont, sans mouvement.

Quelques minutes après, l’embarcation avait atteint le débarcadère, et Dolly était transportée dans la maison de Jane. Len Burker venait de rentrer. Sur son ordre, la mulâtresse courut chercher un médecin.

Celui-ci arriva bientôt, et ce ne fut pas sans des soins prolongés qu’il parvint à rappeler à la vie Mrs. Branican.

Dolly le regarda, l’œil fixe, et dit :

« Qu’y a-t-il ?… Que s’est-il passé ?… Ah !… je sais !… »

Puis, souriant :