Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
mistress branican.

queur au timonier de l’embarcation, en lui indiquant du geste la direction à suivre.

Cet homme n’avait point perdu son sang-froid, et il donna un violent coup de barre, afin de se rejeter hors de la route du remorqueur, car celui-ci était dans l’impossibilité de stopper, le brick-goélette ayant déjà pris un peu d’erre et risquant de l’aborder par son flanc.

Sous le coup de barre qui lui avait été vigoureusement imprimé, la steam-launch donna brusquement la bande sur tribord, et, ce qui est presque inévitable, les passagers, perdant l’équilibre, se jetèrent tous de ce côté.

Nouveaux cris qui, cette fois, furent des cris d’épouvante, puisqu’on put croire que l’embarcation allait chavirer sous cette surcharge.

À cet instant, Mrs. Branican, qui se trouvait debout près de la lisse, ne pouvant reprendre son aplomb, fut projetée par-dessus le bord, avec son enfant.

Le brick-goélette rasait alors l’embarcation sans la toucher, et tout danger d’abordage était écarté définitivement.

« Dolly !… Dolly ! » s’écria Jane, qu’un des passagers retint au moment où elle allait tomber.

Soudain, un matelot de la steam-launch s’élança sans hésiter par-dessus la lisse, au secours de Mrs. Branican et du bébé.

Dolly, soutenue par ses vêtements, flottait à la surface de l’eau ; elle tenait son enfant entre ses bras, mais elle allait couler à fond lorsque le matelot arriva près d’elle.

L’embarcation ayant stoppé presque aussitôt, il ne serait pas difficile à ce matelot, vigoureux et bon nageur, de la rejoindre en ramenant Mrs. Branican. Par malheur, au moment où il venait de la saisir par la taille, les bras de la malheureuse femme s’étaient ouverts, tandis qu’elle se débattait à demi suffoquée, et l’enfant avait disparu.

Lorsque Dolly eut été hissée à bord et déposée sur le pont, elle avait entièrement perdu connaissance.