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le dernier campement.

Godfrey, agenouillé près d’elle, aidait Harriett à la ranimer. John l’ignorait, mais ils savaient, eux, qu’une première fois Dolly avait perdu la raison sous l’excès de la douleur… Allait-elle donc la perdre une seconde fois sous l’excès contraire ?

« Dolly… Dolly ! » répétait John.

Et Godfrey, prenant les mains de Mrs. Branican, s’écriait :

« Ma mère… ma mère ! »

Les yeux de Dolly se rouvrirent, sa main serra la main de John, dont la joie débordait et qui tendit ses bras à Godfrey, en disant :

« Viens… Wat !… Viens, mon fils ! »

Mais Dolly ne pouvait le laisser dans cette erreur, lui laisser croire que Godfrey fût son enfant…

« Non, John, dit-elle, non… Godfrey n’est pas notre fils !… Notre pauvre petit Wat est mort… mort peu de temps après ton départ !…

— Mort ! » s’écria John, qui, cependant, ne cessait de regarder Godfrey.

Dolly allait lui dire quel malheur l’avait frappée quinze années auparavant, lorsqu’une détonation retentit du côté où le mani et ses compagnons s’étaient mis à la poursuite de Len Burker.

Est-ce que justice avait été faite du misérable, ou était-ce un nouveau crime que Len Burker avait eu le temps de commettre ?

Presque aussitôt, tous reparurent en groupe sur la rive de la Fitz-Roy. Deux des agents rapportaient une femme, dont le sang s’échappait d’une large blessure et rougissait le sol.

C’était Jane.

Voici ce qui s’était passé.

Malgré la rapidité de sa fuite, ceux qui poursuivaient Len Burker ne l’avaient point perdu de vue, et quelques centaines de pas les séparaient encore de lui, lorsqu’il s’arrêta en apercevant Jane.

Depuis la veille, cette infortunée, étant parvenue à s’échapper, descendait le long de la Fitz-Roy. Elle allait comme au hasard et quand les premières détonations se firent entendre, elle n’était pas à un quart de mille de l’endroit où John et Godfrey venaient de se