Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/456

Cette page a été validée par deux contributeurs.
421
le jeu de len burker.

« John, reprit Len Burker, la perte du Franklin, dont on était sans nouvelles depuis quatorze ans, avait eu un retentissement considérable. Vous jugez de l’effet qui se produisit, lorsque le bruit se répandit que vous étiez vivant… Harry Felton vous avait laissé, quelques mois auparavant, prisonnier d’une tribu du nord… Je fis immédiatement passer un télégramme à Dolly, en la prévenant que j’allais me mettre en route pour vous retirer des mains des Indas, car ce ne devait être qu’une question de rançon, d’après ce qu’avait dit Harry Felton. Puis, ayant organisé une caravane dont j’ai pris la direction, Jane et moi nous avons quitté Sydney. Voilà de cela sept mois… Il ne nous a pas fallu moins que ce temps pour atteindre la Fitz-Roy… Enfin, Dieu aidant, nous sommes arrivés au campement des Indas…

— Merci, Len, merci !… s’écria le capitaine John. Ce que vous avez fait pour moi…

— Vous l’auriez fait pour moi en pareilles circonstances, répondit Len Burker.

— Certes !… Et votre femme, Len, cette courageuse Jane, qui n’a pas craint de braver tant de fatigues, où est-elle ?…

À trois jours de marche en amont, avec deux de mes hommes, répondit Len Burker.

— Je vais donc la voir…

— Oui, John, et si elle n’est pas ici, c’est que je n’ai pas voulu qu’elle m’accompagnât, ne sachant trop quel accueil les indigènes feraient à notre petite caravane…

— Mais vous n’êtes pas venu seul ? demanda le capitaine John.

— Non, j’ai là mon escorte, composée d’une douzaine de noirs. Il y a deux jours que je suis arrivé dans cette vallée…

— Deux jours ?…

— Oui, et je les ai employés à conclure mon marché. Ce Willi tenait à vous, mon cher John… Il connaissait votre importance… ou plutôt votre valeur. Il a fallu longuement discuter pour obtenir qu’il vous rendît la liberté contre rançon…