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que le capitaine John et Harry Felton étaient deux officiers, dont il aurait peut-être à tirer un double parti. En sa qualité de guerrier, Willi pourrait mettre leurs talents à profit dans ses luttes avec les tribus rivales ; en sa qualité de négociant, qui s’entendait aux choses du négoce, il entrevoyait une lucrative affaire, c’est-à-dire une belle et bonne rançon, que lui vaudrait la délivrance des deux prisonniers. Ceux-ci eurent donc la vie sauve, mais durent se plier à cette existence des nomades qui leur fut d’autant plus pénible que les Indas les soumettaient à une surveillance incessante. Gardés à vue jour et nuit, ne pouvant s’éloigner des campements, ils avaient vainement tenté deux ou trois fois de s’évader, ce qui avait failli même leur coûter la vie.

Entre temps, lors de ces fréquentes rencontres de tribus à tribus, ils étaient mis en demeure d’intervenir au moins par leurs conseils — conseils réellement précieux, et dont Willi tira grand avantage, puisque la victoire lui fut désormais assurée… Grâce à ses succès, cette tribu était actuellement l’une des plus puissantes de celles qui fréquentent les divers territoires de l’Australie occidentale.

Ces populations du nord-ouest appartiennent vraisemblablement aux races mélangées des Australiens et des indigènes de la Papouasie. À l’exemple de leurs congénères, les Indas portent les cheveux longs et bouclés ; leur teint est moins foncé que celui des indigènes des provinces méridionales, qui semblent former une race plus vigoureuse ; leur taille, de proportion plus modeste, se tient dans la moyenne d’un mètre trente. Les hommes sont physiquement mieux constitués que les femmes ; si leur front est un peu fuyant, il domine des arcades sourcilières assez proéminentes, — ce qui est signe d’intelligence, à en croire les ethnologistes ; leurs yeux, dont l’iris est foncé, ont la pupille enflammée d’un feu ardent ; leurs cheveux, de couleur très brune, ne sont pas crépus comme ceux des nègres africains ; toutefois leur crâne est peu volumineux, et la nature n’y a pas généreusement prodigué la matière